Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/14

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tenant-Gouverneur dont le sourire commençait à grimacer… Mais puisque notre hôte donne le bon exemple d’un si parfait sans gêne, j’en profiterai pour prendre la liberté de le déranger ! »

Il poussa la porte qui céda sous sa main, et qu’une soudaine bouffée de vent ouvrit tout grande avec une espèce de bruyant soupir. Arrivant du portail extérieur, elle faisait frissonner les robes de soie, dérangeait l’économie des perruques bouclées, soulevait en passant les rideaux de fenêtre ou de lit, et mêlait à tout ce mouvement je ne sais quel ordre impérieux de faire silence. Pour cette fois, l’assistance toute entière se sentait sous le coup d’une sorte de demi-terreur, dont personne n’aurait pu expliquer l’origine ou le sujet.

Malgré tout, la foule assiégeait la porte maintenant ouverte, et l’élan de la curiosité générale poussa le Lieutenant-Gouverneur à l’intérieur de la chambre. Au premier coup d’œil, rien d’extraordinaire : le cabinet, de dimension moyenne et meublé avec un certain luxe, était obscurci par d’épais rideaux. Sur les rayons, des livres ; une grande carte fixée au mur, et tout à côté, un portrait du colonel Pyncheon au-dessous duquel l’original lui-même était assis, dans un grand fauteuil de chêne, la plume à la main. Des lettres, des parchemins, quelques feuilles de papier blanc s’éparpillaient devant lui sur la table. Il semblait regarder la foule des curieux en avant de laquelle se trouvait le Lieutenant-Gouverneur, et sur sa figure brune, aux traits massifs, était inscrite l’expression d’un mécontentement irrité. On eût dit qu’il allait prendre la parole pour quelque remontrance sévère, motivée par un em-