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Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/145

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core un vif intérêt… Selon vous, cousine Phœbé, il paraît avoir l’esprit un peu faible… Puisse le ciel lui accorder, à tout le moins, l’intelligence nécessaire pour se repentir de ses fautes !

— Je m’imagine, remarqua ici Phœbé, que bien peu de gens doivent avoir moins de fautes à se reprocher.

— Est-il donc possible, ma chère enfant, repartit le Juge avec un regard de commisération, que vous n’ayez jamais ouï parler de Clifford Pyncheon ? Et ne savez-vous rien de son histoire ?… À la bonne heure, alors ; et votre mère a montré là un respect légitime pour le bon renom de la famille à qui elle s’est alliée. Conservez pour ce malheureux vos meilleures pensées, vos meilleures espérances !… C’est une règle que les chrétiens devraient toujours observer dans le jugement qu’ils portent les uns sur les autres ; elle est particulièrement de mise entre parents, à cause de l’espèce de solidarité morale que l’opinion leur assigne… Mais, pardon ; Clifford est-il là ?… Je vais entrer pour le voir.

— Peut-être, monsieur, vaudra-t-il mieux que j’appelle ma cousine Hepzibah, dit aussitôt Phœbé, sans trop savoir, néanmoins, si elle avait le droit d’interdire à un si affectueux parent l’accès des appartements réservés… Son frère semblait vouloir faire la sieste après le déjeuner, et je suis sûre qu’en le dérangeant on la désobligerait d’une manière essentielle… Permettez, monsieur, que je vous annonce ! »

Le Juge, cependant, paraissait se soucier fort peu de ce préliminaire d’étiquette ; et comme Phœbé, — dont les mouvements avaient toute la promptitude, toute la spontanéité de ses pensées elles-mêmes, — s’était dirigée vers la porte, il l’écarta sans beaucoup de cérémonie.