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Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/182

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ville médiocrement peuplée. Mais Pyncheon-street n’était jamais tellement immobile, tellement solitaire, qu’il n’y trouvât de quoi occuper ses yeux et mettre en éveil, sinon sa curiosité, du moins ses facultés observatrices. Les spectacles familiers au plus jeune enfant étaient pour lui des nouveautés. Un fiacre, un omnibus déposant çà et là quelque passager pour en prendre un autre, — image en ceci de ce grand véhicule où nous roulons, allant à la fois partout et nulle part, — il les suivait d’un regard avide et les avait oubliés avant que la poussière, soulevée par les chevaux et les roues, fût retombée sur la trace restée derrière les uns et les autres. En ce qui concernait ces choses nouvelles (au nombre desquelles il fallait alors compter les omnibus et les fiacres), son intelligence semblait avoir perdu toute sa prise, toute sa puissance compréhensive. Deux ou trois fois le jour, par exemple, aux heures les plus chaudes, passait devant Pyncheon House un de ces arrosoirs montés sur roulettes, dont les menus jets rabattent la poussière des rues, et dans lesquels une municipalité soigneuse semble enfermer les pluies d’été pour s’en servir au besoin. Clifford ne put jamais se familiariser avec cet engin, qui chaque fois l’étonnait comme au premier jour, mais dont le souvenir s’effaçait en lui aussi vite que l’eau séchait sur la blanche poussière de la voie publique. De même pour le chemin de fer, qu’il voyait passer comme l’éclair, avec un sifflement féroce, à l’extrémité de la rue. Cet élan terrible, ce cri métallique avaient beau se renouveler, ils l’affectaient aussi désagréablement la centième fois que la première.

Somme toute, conservateur invétéré, Clifford n’ai-