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Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/189

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tôt en plus rapides et plus joyeux accords, tantôt l’une après l’autre, tantôt en chœur et dégageant mille subtiles harmonies que l’air absorbait comme autant de parfums, et que le Ciel écoutait comme autant de prières.

Clifford, assis à la fenêtre avec Hepzibah, regardait ses voisins sortir dans la rue en vêtements de fête, — le vieillard avec son habit encore décent, quoique brossé mille fois, — l’enfant avec sa blouse, où la veille au soir l’aiguille de sa mère avait travaillé sans relâche. Bientôt, émergeant du portail de la vieille maison, parut la jeune Phœbé sous son ombrelle verte, et, à peine dans la rue, elle se retourna pour adresser un sourire d’adieu aux deux amis qui l’escortaient du regard, accoudés derrière la fenêtre en ogive. De sa simple et fraîche toilette, rien ne semblait avoir déjà servi ; ni sa robe de mousseline à fleurs, ni sa capote de paille, ni son petit mouchoir festonné, ni ses bas plus blancs que la neige. La jeune fille salua de la main son cousin et sa cousine, puis elle remonta lestement la rue, provoquant le sourire par sa mine éveillée, le respect par sa piété candide.

« Hepzibah, demanda Clifford quand elle eût disparu, vous n’allez jamais à l’Église ?

— Non, Clifford, répondit-elle… Voici bien des années qu’on ne m’y a vue.

— Si je m’y trouvais, reprit-il, j’ai idée que, parmi tous ces êtres priant autour de moi, la prière me serait facile et bonne ! »

Regardant Clifford au visage, Hepzibah le vit très ému et se sentit émue elle-même. Il lui sembla, tout à coup, que ce lui serait une grande joie de le prendre