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Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/19

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chesse future, il mourut évidemment trop tôt. À son fils ne manqua pas seulement l’éminente position du père qu’il venait de perdre, mais aussi le talent, la force de caractère grâces auxquels celui-ci l’avait acquise. L’héritier ne put donc mettre l’intérêt politique au service de ses intérêts privés ; et la justice, pour mieux dire, la légalité des prétentions qu’il avait à faire valoir ne parurent pas à beaucoup près aussi clairs après la mort du colonel que lorsqu’il vivait encore. Dans la série des témoignages invoqués à l’appui du titre principal, un anneau se trouva manquer tout à coup, on ne sait comment, et ne put se retrouver nulle part.

Les Pyncheon, il est vrai, — non-seulement alors, mais à divers reprises dans le cours des cent années qui suivirent, — s’étaient efforcés d’obtenir ce qu’ils persistaient obstinément à regarder comme leur bien propre. Par malheur, à mesure que le temps s’écoulait, le territoire contesté avait été en partie l’objet de nouvelles concessions faites à des individus plus favorisés, et en partie défriché, occupé par des pionniers qui s’y étaient formellement établis. Ces derniers, en supposant qu’on leur eût parlé du titre invoqué par les Pyncheon, eussent trouvé très-ridicule une prétention basée sur la possession de quelques parchemins moisis sur lesquels se lisaient à grand’peine les noms presque effacés de certains gouverneurs ou législateurs morts et oubliés depuis longtemps ; il leur eût semblé fort étrange de se voir enlever, de par ces lambeaux de vélin, les terres que leurs pères ou eux, à force de travail, avaient su arracher aux mains de la nature sauvage. Ce droit impalpable ne produisit donc rien