Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/222

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on prétend qu’à ces mots un sourire passa sur son visage)… Très-souvent…, et par mon père !

— Notre prétention, continua M. Pyncheon après un instant de silence consacré peut-être à réfléchir sur le sens de ce sourire étrange, notre prétention semblait sur le point d’être admise avec toutes ses conséquences à l’époque où mon grand-père décéda. Les personnes au courant de ses secrets savaient fort bien qu’il n’appréhendait ni difficultés ni délais. D’un autre côté, le colonel Pyncheon — inutile de vous l’apprendre — était un homme pratique, versé dans les affaires publiques et particulières, absolument incapable de nourrir des espérances mal fondées ou de poursuivre la réalisation d’un projet chimérique. Il est dès lors tout naturel d’en conclure que — puisqu’il prévoyait avec tant de confiance l’issue favorable de cette réclamation, — il avait pour cela quelques motifs inconnus à ses héritiers. Je crois, en un mot, — et les jurisconsultes qui m’aident de leurs avis partagent cette manière devoir, autorisée d’ailleurs, jusqu’à certain point, par nos traditions de famille, — je crois que mon grand-père était en possession de quelque acte ou de quelque autre document, de nature à établir victorieusement son droit, mais qui depuis lors a disparu.

— Rien de plus probable, dit Matthew Maule (et de nouveau, assure-t-on, un sombre sourire vint plisser ses lèvres…) ; mais à quel titre un pauvre charpentier comme moi pourrait-il se mêler des grandes affaires de la famille Pyncheon ?… À quoi vous serais-je utile ?

— Peut-être à rien, répliqua M. Pyncheon, mais le contraire n’est pas impossible ! »

Tel fut le début d’une longue conversation entre