Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

exprimait la haine, et qui avait une espèce de longe autour de son cou ; — le troisième était un homme beaucoup moins avancé en âge que les deux premiers, mais cependant ayant dépassé la quarantaine, lequel portait une grossière jaquette de laine, et un haut de chausses en cuir, des poches duquel on voyait sortir une règle de charpentier. Ces trois chimériques individus possédaient en commun le secret du document perdu. L’un d’eux, à la vérité, — celui dont le rabat était taché de sang, — paraissait bien, si l’on ne se trompait pas à ses gestes, avoir le parchemin sous sa garde immédiate ; mais l’opposition de ses mystérieux associés l’empêchait d’abdiquer cette mission de confiance. En fin de compte, venant à manifester le désir de proclamer le secret, à voix assez haute pour être entendue dans les régions terrestres, ses deux compagnons se jetèrent sur lui, et placèrent leurs mains sur sa bouche ; aussitôt, — soit qu’ils l’eussent étouffé, soit que le secret lui-même fût de couleur pourpre, — on vit un nouveau jet de sang descendre sur son rabat. Après quoi, les deux apparitions mal vêtues se mirent à railler le vieux dignitaire qui semblait avoir perdu contenance, et de leurs doigts, en riant, lui montraient la tache…

Les choses arrivées là, Maule se tourna vers M. Pyncheon.

« Décidément, disait-il, la prohibition sera maintenue. Le soin de garder ce secret, qui enrichirait ses héritiers, fait partie du châtiment de votre grand-père. Il ne s’en débarrassera, et ne cessera d’étouffer, que lorsque la révélation ne pourra plus servir à personne… Gardez donc la Maison aux Sept Pignons !