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Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/263

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les convenances de mon sexe… S’il fallait supporter longtemps une pareille comédie, très-certainement je deviendrais folle… Arrêtez !… Pas un mot de plus ! Il me forcerait à vous témoigner tout mon mépris ! »

La colère, à la fin, avait enhardi Hepzibah. La glace était rompue, maintenant. Mais après tout, dans cette invincible méfiance qu’elle témoignait au juge Pyncheon, — dans le refus absolu de toute sympathie qu’elle lui opposait obstinément, — fallait-il voir une juste appréciation du caractère de l’homme, ou tout simplement une de ces préventions passionnées, aveugles, auxquelles s’abandonne trop fréquemment la plus belle moitié du genre humain ?

Le Juge, ceci est hors de question, jouissait d’une considération universelle. Dans le cercle fort étendu de ses relations privées ou publiques, on n’eût pas trouvé un seul individu, — sauf Hepzibah et quelque mystique ennemi des lois comme notre photographe, ou peut-être encore certains antagonistes politiques, — disposé à lui contester sérieusement le rang honorable qu’il occupait dans l’estime du monde. Nous ajouterons, pour lui rendre justice complète, que lui-même, très-probablement, ne voyait que fort peu d’incompatibilité entre ses mérites réels et la réputation qu’ils lui avaient value. Sa conscience (le témoin le plus certain qui se puisse invoquer en pareille matière), — à part cinq ou six minutes sur vingt-quatre heures, ou quelque néfaste journée, par-ci par-là, dans tout le cycle annuel, — sa conscience ne contredisait jamais les éloges flatteurs qui lui étaient décernés de toutes parts. Et pourtant, malgré la force de cette dernière preuve, nous craindrions de nous compromettre,