Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/316

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qu’il possède maintenant et de celle qu’il compte bientôt acquérir, le tout sans parler des honneurs administratifs qui lui sont déjà échus et de ceux qui ne peuvent manquer de lui être décernés encore ! — Tout va bien ! Tout est à merveille ; rien de plus à désirer !

Eh quoi ! toujours dans le vieux fauteuil ?… Si le Juge a du temps de reste, pourquoi ne va-t-il pas dans les bureaux de la Compagnie d’assurances (ainsi qu’il le fait si souvent) s’asseoir sur une de leurs causeuses mollement capitonnées, pour écouter les commérages du jour, et — par quelques mots habilement jetés çà et là — fournir matière aux commérages du lendemain ? Les directeurs de la Banque, d’ailleurs, doivent tenir une réunion à laquelle le Juge avait dessein d’assister et où il devait remplir les fonctions de président. L’heure est marquée sur une carte qui se trouve précisément, — ou devrait se trouver — dans la poche droite de son gilet. Qu’il y aille donc, et se couche ainsi à loisir sur ses sacs d’argent !… Il y a bien assez longtemps qu’il s’oublie dans le grand fauteuil.

Le programme du jour était si chargé ! En premier lieu, l’entrevue avec Clifford. Suivant les calculs du Juge, une demi-heure devait suffire, — une demi-heure et peut-être moins ; mais prenant en considération les inévitables bavardages d’Hepzibah, il était plus sûr d’allouer la demi-heure entière… Une demi-heure ?… Prenez garde, estimable Juge ; deux heures sont déjà écoulées, s’il faut s’en rapporter à votre irréprochable chronomètre. Regardez plutôt, et vous verrez !… Mais non, il ne se donnera pas la peine de pencher la tête ou de lever la main !… Le temps a perdu tout à coup l’importance qu’il avait habituellement aux yeux du Juge !