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Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/331

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tu resteras tel que tu es, ou si tu déracineras tes mauvais penchants, dussent-ils entraîner avec eux tout le sang de tes veines. — Le Dieu des Vengeances te menace ; lève-toi, lève-toi ! Bientôt il sera trop tard !

Eh quoi ! Ce dernier appel ne l’a pas fait bouger ? — Non vraiment, pas d’une ligne ! Et voici justement une mouche, — une de ces mouches vulgaires qui vont battant de l’aile contre toutes les vitres de la maison, — la voici flairant le Gouverneur Pyncheon, et allant se poser (l’insolente !) tantôt sur son front, tantôt sur son menton, et enfin, Dieu nous pardonne, se glissant le long de la paroi du nez, vers les yeux grands ouverts du futur chef de l’État !… Voyons, ne saurais-tu chasser cette mouche ?… L’activité pour cela te manque-t-elle, à toi qui nourrissais, hier encore, tant de projets divers ! Toi qui étais si puissant, es-tu maintenant trop faible ?… Trop faible pour chasser une mouche !… En ce cas, nous te ferons quartier ; — nous t’abandonnons à toi-même !

Et justement, écoutez !… La clochette du magasin a retenti… Il est bon, après des heures comme celles que nous venons de passer, de se sentir rappelé à cette idée, qu’il existe un monde vivant, et que cette vieille maison solitaire n’est pas absolument sans rapports avec lui. Nous respirons plus à l’aise, en quittant le juge Pyncheon, pour descendre dans la rue qui longe le pied des Sept Pignons.