Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/340

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foule de marmots, venait avec son singe et ses marionnettes s’établir à l’ombre de l’Orme Pyncheon. Un doux souvenir l’y attirait. Il n’avait oublié, ni le charmant visage de Phœbé, ni la poignée de cents qu’elle avait fait pleuvoir sur sa tête. Mais cette fois, il eut beau lever ses yeux brillants du côté de la Croisée en ogive, mettre en jeu ses plus belles musiques, faire faire au singe ses cabrioles les plus grotesques, personne ne parut aux fenêtres, et la sauterelle seule, du fond de son arbre, répondit à tout ce tapage. Le jeune Italien s’obstinait cependant, il persistait en ses appels mélodieux, fidèle à quelque souvenir caressé. Il se rappelait la figure mélancolique de Clifford qui, se mariant au sourire de Phœbé, avait peut-être parlé à ce pauvre exilé la langue universelle, la langue du cœur. Il repassa tout son répertoire à plusieurs reprises, et si bien que ses auditeurs commençaient à être fatigués, comme aussi le singe, et les marionnettes elles-mêmes. Pas de réponse, pourtant ; la sauterelle seule chantait.

« Il n’y a pas d’enfants dans cette maison, dit enfin un écolier. Rien qu’une vieille fille et un vieux homme… Vous n’avez pas la moindre chance de ce côté… Pourquoi n’allez-vous pas un peu plus loin ?

— Et vous, imbécile, pourquoi l’avertissez-vous ? reprit tout bas un rusé petit yankee qui ne se souciait nullement de la musique, mais s’éjouissait, néanmoins, de l’avoir à si bon compte… Laissez-le jouer tant qu’il lui plaira !… Si personne ne le paye, tant pis pour lui, cela le regarde. »

Un spectateur inaverti se serait demandé si l’obstination du jeune Italien obtiendrait enfin sa récompense,