Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/339

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gasin, que sa grimace diabolique mettrait en fuite tous les clients.

— Et je vous disais aussi que tout cela n’irait pas, reprit son ami… C’en est fait des petits commerces entrepris par des femmes… La mienne s’y est essayée ; elle y a perdu cinq dollars de son capital.

— Pauvre métier, ajouta Dixey en secouant la tête, bien pauvre métier, et qui ne rapporte rien ! »

Dans le cours de la matinée, maint et maint autre visiteur vint frapper à la porte de cette silencieuse et impénétrable demeure ; les fournisseurs arrivèrent l’un après l’autre, et parmi eux le boucher qui avait mis de côté je ne sais quel morceau de choix, spécialement destiné à Clifford. Étonné que personne ne répondît à une pareille prévenance, il regarda par la même fente des rideaux qu’avait déjà explorée la curiosité de Ned Wiggins. La porte de communication que l’enfant avait vue fermée, s’était ouverte depuis lors. — Par quel miracle, nous ne savons, mais cela était. — Au fond du corridor, s’entrevoyait vaguement l’intérieur obscur du salon, et il sembla au boucher qu’il discernait assez bien les jambes robustes, revêtues de pantalons noirs, d’un homme assis dans le grand fauteuil de chêne, le reste de la personne demeurant caché par le dossier de l’antique siége. La tranquillité dédaigneuse que manifestait ainsi un des hôtes de la maison, irrita profondément le boucher, qui se retira aussitôt, maugréant après l’ingratitude humaine, et se promettant bien de faire expier un si mauvais procédé à des clients dont il croyait pouvoir attendre plus d’égards.

Au coin de la rue, peu après, une musique s’éleva ; c’était le petit joueur d’orgue Italien qui, suivi d’une