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Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/349

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pondit Holgrave… Dans cette vaste maison, nous sommes seuls, vous et moi !

— Hepzibah et Clifford courant le monde, s’écria Phœbé… Mais cela n’est pas possible !… Et pourquoi m’avez-vous conduite ici ? pourquoi pas dans le salon ?… Il faut qu’il soit arrivé quelque chose de terrible !… Je vais courir, je vais voir !…

— Non, non, Phœbé, dit Holgrave, qui la retint… C’est bien ce que je vous disais à l’instant… Ils sont partis tous les deux, et je ne sais pour où… Il s’est passé en effet quelque chose de terrible, mais ils ne sont ni les victimes de l’événement, ni ses promoteurs à aucun degré quelconque, je le jurerais sans hésiter… Je connais bien votre caractère, Phœbé, continua-t-il, fixant ses yeux sur ceux de la jeune fille avec une austère anxiété mêlée de tendresse : si douce que vous soyez et si acquise aux œuvres les plus simples, aux idées les plus reçues, vous n’en possédez pas moins une énergie remarquable. Le merveilleux équilibre de vos facultés doit vous mettre à même de supporter sans fléchir le poids des soucis qu’on pourrait vous croire le plus étrangers.

— Vous vous trompez, répondit Phœbé toute tremblante… Je suis très-faible, au contraire… Dites-moi pourtant ce qui est arrivé.

— Vous êtes forte, reprit Holgrave, insistant. Il faut vous montrer forte et prudente, car je me sens égaré ; j’ai perdu pour ainsi dire ma voie, et j’ai grand besoin de vos conseils. Peut-être tomberez-vous tout droit sur ce qu’il y a de mieux à faire.

— Parlez ! parlez ! dit Phœbé de plus en plus émue… Ces paroles équivoques, ce mystère, tout