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Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/350

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cela m’oppresse et me terrifie… Je préfère ne rien ignorer ! »

L’artiste hésita. Nonobstant ce qu’il venait de dire en toute sincérité sur l’idée qu’il s’était faite du caractère de Phœbé, si bien assis et si solide, il lui semblait presque coupable d’admettre cette enfant innocente dans l’affreux secret de ce qui s’était passé la veille. Et cependant, il n’y avait pas à le lui cacher ; il fallait de toute nécessité la mettre au courant.

« Phœbé, lui dit-il, vous rappelez-vous ceci ? »

Et en même temps il lui présentait une photographie, la même qu’il lui avait montrée lors de leur première entrevue dans le jardin, — celle qui mettait en relief, d’une manière si frappante, l’expression implacable et dure de la physionomie ainsi reproduite.

« En quoi ceci peut-il concerner Hepzibah et Clifford ? demanda Phœbé surprise et légèrement impatientée que Holgrave, en un pareil moment, se jouât ainsi de sa curiosité… Ce visage-là est celui du juge Pyncheon !… Je le connais ; vous me l’avez déjà montré.

— À la bonne heure, mais voici le même visage, photographié il y a deux heures, dit l’artiste lui présentant une autre miniature… Je venais de terminer l’opération quand je vous ai entendue frapper à la porte.

— Mais c’est la mort, ceci ! murmura Phœbé tout à coup devenue très-pâle… Le juge Pyncheon est donc mort ?

— Tel que vous le voyez là, dit Holgrave, il est assis dans le salon voisin… Le Juge est mort. Clifford et Hepzibah ont disparu !… Je n’en sais pas davantage… Tout le reste est conjecture… En rentrant, hier au