Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/362

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que les bontés de son oncle. L’affection que ce vieux garçon lui portait, si forte qu’elle eût été au début, ne s’était pas trouvée à l’épreuve de tant de désordres. On prétend, de plus, qu’une belle nuit, cédant aux tentations du Malin, ce misérable neveu, dont les instincts sous quelques rapports étaient ceux d’un brigand, fut surpris par son oncle au moment où, nanti d’une fausse clef, il fourrageait sans scrupules parmi les valeurs renfermées dans un secrétaire. La surprise que produisit une telle découverte chez ce vieillard éveillé en sursaut au milieu de la nuit, — la peur aussi, peut-être, en même temps que la colère, — déterminèrent une crise à laquelle le rendait d’ailleurs sujet son tempérament héréditaire. Comme étouffé par le sang, il tomba sur le parquet et dans sa chute donna lourdement de la tête contre l’angle d’une table. À présent que faire ? Le vieillard était mort, bien certainement ; les secours viendraient trop tard… Et quel malheur, de plus, s’ils venaient trop tôt !… Mais le mort ne ressuscita pas.

Avec la froide témérité qui le caractérisa toujours, le jeune homme continua de fouiller dans les tiroirs où il trouva un testament, de date récente, fait en faveur de Clifford, et qu’il détruisit, — puis un autre plus ancien, fait en sa faveur, qu’il laissa naturellement subsister. Mais, avant de se retirer, Jaffrey fut frappé de cette idée que, laissant derrière lui les preuves flagrantes d’une effraction, il serait utile, pour détourner les soupçons, de les faire peser sur une autre tête que la sienne. Sous les yeux même du mort, en conséquence, il organisa un plan qui devait l’innocenter aux dépens de Clifford, son rival, dont le caractère lui