Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/4

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vents. Elle a pour moi comme une physionomie humaine ; j’y retrouve en quelque sorte la trace d’une longue vie et des vicissitudes qu’elle a dû subir. Bien racontées, elles nous offriraient un récit qui ne manquerait, à coup sûr, ni d’intérêt ni d’enseignements, et dont l’unité, qui plus est, pourrait sembler le résultat d’une préconception d’artiste. Mais quel in-folio, que d’in-douze ne réclamerait-il pas ? Aussi écarterons-nous la plupart des traditions qui se rattachent à l’antique Pyncheon-House, également connue sous le titre de la Maison aux Sept-Pignons, nous bornant à rappeler dans quelles circonstances elle fut fondée, et cela pour indiquer en passant à nos lecteurs une vérité dont on tient généralement trop peu de compte. Cette vérité, la voici : l’activité de chaque génération qui passe est un germe qui, dans un avenir éloigné, peut et doit produire des fruits bons ou mauvais, — de telle sorte qu’en semant pour recueillir cette moisson immédiate dont le besoin les domine, les êtres humains déposent dans le sol de quoi faire pousser une végétation robuste, qui projettera sur le front de leurs descendants ses ombres bienfaisantes ou malsaines.

Malgré son air suranné, la Maison aux Sept Pignons n’a pas été la première à occuper le sol ou elle se dresse maintenant. Il fut un temps où Pyncheon-street portait le nom plus humble de Maule’s lane, nom qu’elle tenait du premier pionnier qui eût défriché le sol et planté son cottage au bord d’une sente à bestiaux. L’existence d’une source naturelle donnant une eau pure et douce, — trésor rare dans la péninsule où s’était formé l’établissement Puritain, — avait décidé Matthew Maule à choisir cet endroit pour