Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/8

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pussent être, ne devaient faire dévier de sa route tracée à l’avance, le soldat, le magistrat puritain. Son bon sens, massif et dur, — fait en quelque sorte de blocs de granit, que rattachaient entre eux, comme autant de crampons de fer, des résolutions invariables, — devait lui faire rejeter toute objection au dessein qu’il poursuivait depuis si longtemps. Il creusa donc son cellier et posa les fondements de son hôtel, sur ce même carré de terre que Matthew Maule, quarante ans auparavant, avait déblayé le premier. Une circonstance curieuse et de mauvais augure, au dire de bien des gens, c’est que la source dont nous avons parlé, renommée pour la fraîche suavité de ses eaux, perdit ce mérite essentiel. Soit qu’on en eût troublé le cours en creusant les caves profondes, soit pour quelque autre cause moins facile à expliquer, il est certain que l’eau de « la source de Maule, » — on continuait à l’appeler ainsi, — devint tout à coup dure et saumâtre. Elle l’est encore aujourd’hui, ainsi que vous l’attesteront au besoin maintes vieilles commères du voisinage.

Par une autre bizarrerie que nous devons signaler à nos lecteurs, le maître charpentier choisi pour diriger les travaux du nouvel édifice, fut précisément le fils de l’homme à qui avait été arrachée la propriété du terrain, et que la mort seule avait forcé à s’en dessaisir ; — c’était fort probablement le meilleur ouvrier de ce temps-là ; — peut-être aussi, le colonel jugea-t-il à propos, soit pour, se concilier l’opinion, soit par un meilleur sentiment, de renoncer ainsi publiquement à toute animosité contre la race de l’antagoniste par lui vaincu. Le grossier positivisme du temps ne permet pas de s’étonner que le fils du supplicié se soit montré