Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/91

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— Jamais !… Je croyais, répondit Phœbé, que vous et votre cousin Jaffrey étiez les seuls survivants de la famille… Et cependant il me semble avoir entendu le nom de Glifford Pyncheon… Oui, certainement, mon père ou ma mère m’en ont parlé… Mais n’est-il pas mort depuis bien longtemps ?

— Possible, enfant, très-possible, dit la vieille fille avec un rire triste et profond… Mais dans des maisons comme celle-ci, les revenants, vous savez, ne sont pas rares… Nous verrons, nous verrons ce qui en est… Et maintenant, cousine Phœbé, puisque le courage ne vous manque pas après tout ce que j’ai pu vous dire, nous ne nous séparerons point de sitôt. Jusqu’à nouvel ordre, mon enfant, vous êtes la bien venue chez votre pauvre parente. »

Sur cette assurance d’hospitalité, réservée sans doute, mais qu’on ne pouvait accuser de froideur, Hepzibah baisa la joue de la nouvelle arrivée.

Elles descendirent alors dans les régions inférieures où, sans revendication positive, mais par une sorte de vertu magnétique, Phœbé se trouva tout à coup investie de tous les soins culinaires, et se mit activement à préparer le déjeuner. — La maîtresse de la maison, cependant, ainsi qu’il arrive toujours de ces personnes roides et peu malléables, se tenait le plus souvent à l’écart, ne demandant pas mieux que d’aider à la besogne, mais retenue par la conscience de son inaptitude naturelle. Phœbé, au contraire, avait tout l’éclat, toute la grâce, toute la puissance du feu vif sur lequel chantait la bouilloire. Hepzibah la contemplait — du fond de sa paresse habituelle, résultat inévitable d’une solitude prolongée, — comme d’une sphère à part, tout