Page:Hawthorne - Contes étranges.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
100
CONTES ÉTRANGES

Il y avait pour bûche de fond un énorme tronc de chêne rouge, qui, bien qu’abrité depuis longues années contre la pluie et l’humidité, sifflait encore à la chaleur du foyer et suintait l’eau par les deux bouts, comme s’il eût été tout récemment coupé dans sa forêt natale. Sur le devant, on mettait de forts rondins d’un bois sec et serré, qui semblaient au feu des barres de fer rougies. Sur cette solide base, Tabita élevait une fragile construction de bois, des morceaux de panneaux et de moulures, ou d’autres objets éminemment combustibles, qui brûlaient comme paille et jetaient dans l’âtre une joyeuse clarté.

Pierre regardait flamber le sapin et l’écoutait pétiller dans sa vaste cheminée, comme une décharge irrégulière de mousqueterie ; puis lorsque le bois, réduit en charbons ardents, ne jetait plus qu’une rouge lueur, il devenait loquace, et la conversation s’engageait.

X

Un soir, pour la centième fois, il pria sa vieille compagne de lui dire quelque chose de nouveau sur son grand-oncle.

— Vous n’avez pas habité cinquante et quelques années ce coin de cheminée, ma vieille Tabby, sans avoir entendu bien des récits sur son compte. Ne m’avez-vous pas dit que, lorsque vous arrivâtes dans cette maison, vous y aviez trouvé une vieille femme assise à la place que vous occupez maintenant, et qu’elle avait été la servante du fameux Pierre Goldthwaite ?