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L’IMAGE DE NEIGE

cette fois, sans être éblouie, distinguer ce qui se passait dans le jardin.

Que pensez-vous qu’elle vit ? Violette et Pivoine qui prenaient leurs ébats. Mais qui se tenait à leurs côtés, courant et folâtrant avec eux ? Eh bien, croyez-moi, si bon vous semble ; c’était une délicieuse enfant, habitée de blanc, aux joues rosées, aux blonds cheveux, s’en donnant à cœur joie avec les deux chérubins. La petite étrangère semblait dans les meilleurs termes avec eux.

La jeune mère pensa tout d’abord que ce devait être une petite voisine qui, voyant Violette et Pivoine s’amuser dans le jardin, avait traversé la rue pour se mêler à leurs jeux. Dans cette idée, l’excellente femme se dirigea vers la porte pour inviter la petite vagabonde à entrer dans le parloir avec ses enfants, car, depuis le coucher du soleil, l’atmosphère devenait de plus en plus froide ; mais elle s’arrêta sur le seuil, ne sachant trop de quel nom appeler ce petit être, et elle en vint à douter que ce fût réellement une enfant. Cependant il faisait froid, et l’heure était venue de faire rentrer les deux bambins. Dans tous les cas, il y avait dans la petite étrangère quelque chose de singulier, et jamais madame Lindsey n’avait remarqué chez aucun enfant du voisinage des traits aussi purs, des couleurs d’un rose aussi tendre et des cheveux aussi fins que les boucles qui flottaient sur ses épaules. D’autre part, en voyant sa petite robe blanche agitée par la bise, elle se demandait quelle mère pouvait être assez peu soigneuse pour envoyer jouer, au cœur de l’hiver, sa petite fille ainsi vêtue.

Tout en se livrant à ces observations, madame Lindsey s’aperçut avec stupéfaction que la pauvre petite n’avait pour