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CONTES ÉTRANGES

chausser ses pieds délicats que de légers souliers blancs. Et pourtant elle semblait joyeuse et paraissait se soucier fort peu de la température. Elle sautait, dansait et courait sur la neige, y laissant l’empreinte parfaitement nette d’un petit pied qui pouvait passer pour le frère de celui de Violette, mais que celui de Pivoine dépassait d’un bon tiers.

Tout en jouant avec les deux enfants, l’étrange petite créature en prit un de chaque main et se mit à courir avec eux à perdre haleine ; mais, au bout d’un moment, Pivoine retira sa main gonflée par le froid, pour souffler dans ses doigts, disant qu’elle l’avait glacée. Violette, plus réservée, se contenta de faire observer qu’il n’était pas nécessaire de se tenir par la main pour courir. La blanche petite fille ne répondit rien et continuait de danser aussi joyeusement qu’auparavant ; car si Violette et Pivoine ne se souciaient plus de jouer avec elle, l’enfant de neige avait trouvé une ouvelle compagne dans la brise d’occident qui, lutinant ses légers vêtements, prenait avec elle de telles libertés qu’il était à présumer qu’ils étaient tous deux de vieilles connaissances.

Pendant tout ce temps, la maman restait sur le seuil de la porte, émerveillée qu’une petite fille ressemblât tant à un flocon de neige, ou qu’un flocon de neige prît à ce point l’apparence d’une enfant.

Elle appela enfin Violette et l’interrogeant :

— Violette, ma chérie, quelle est donc cette petite ? Est-ce qu’elle demeure près d’ici ?

— Comment, chère petite mère, répondit Violette en riant, mais c’est la petite sœur de neige que nous nous sommes faite.