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L’IMAGE DE NEIGE

sins, qui se tenaient à leurs fenêtres et ne voyaient qu’une partie de cette scène, se demandaient quel motif pouvait avoir un homme si raisonnable pour courir ainsi dans son jardin à la poursuite des flocons de neige que le vent d’ouest faisait tourbillonner, jusqu’à ce que la petite fille se trouvât poursuivie dans un coin du jardin, où elle ne pût échapper.

— Voulez-vous venir, petit démon ? s’écria l’honnête marchand en lui saisissant une main. Ah ! je vous tiens, et je vais, que vous le vouliez ou non, vous mettre en un lieu sûr où vous serez assurément mieux qu’ici. Nous allons vous donner de bons chaussons et le manteau de Violette. Voyez, votre petit nez est gelé ; allons, venez avec moi.

Et, tout en souriant de l’air le plus aimable qu’il put prendre, le bienveillant M. Lindsey entraîna vers la maison l’enfant, qui le suivait sans mot dire, mais bien à contrecœur.

En arrivant à la porte du parloir, tout fier de la victoire qu’il venait de remporter sur la petite rebelle, il trouva Violette et Pivoine, qui lui barraient le passage d’un air suppliant.

— Ne l’amène pas, crièrent-ils à l’unisson.

— Tu es folle, ma petite Violette, et toi aussi Pivoine, tu es fou ; cette enfant est glacée, et je sens ses petites mains froides à travers mes gros gants. Voulez-vous la voir mourir de froid ?

Cependant madame Lindsey, qui était venue sur le seuil de la porte, examinait attentivement la blancheur et la transparence des vêtements de cette petite fille, dont les traits lui rappelaient la figure sortie des mains de Violette,