Page:Hawthorne - Contes étranges.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
12
CONTES ÉTRANGES

prêta volontiers à ce nouvel essai ; mais lorsqu’elle en vit le résultat, elle fut effrayée de ne trouver sur la plaque qu’une vague image de sa figure, tandis que l’infernale main se dessinait avec netteté sur son visage. Aylimer lui reprit brusquement le portrait des mains et le jeta, de dépit, dans une cuve remplie d’un acide corrosif.

Cependant des pensées plus sérieuses vinrent bientôt effacer de son esprit cet échec mortifiant pour son amour-propre de savant, et le plonger de nouveau dans ses mystérieux calculs. De temps à autre il les quittait, le visage enflammé, brisé par la tension d’esprit, pour venir rassurer Georgina, en lui parlant des ressources infinies de la science.

Aylimer racontait à Georgina l’histoire de ces patients chimistes qui, durant plusieurs siècles, cherchèrent avec une ardeur infatigable le dissolvant universel au moyen duquel ils pourraient isoler l’or des matières les plus communément répandues sur la surface du globe. Loin de traiter de fous ces précurseurs de la chimie moderne, Aylimer ne voyait aucune impossibilité à ce qu’on découvrît un jour cet admirable secret ; mais il avait soin d’ajouter que l’auteur d’une pareille découverte n’abaisserait jamais son génie à en tirer parti. Au reste, il prétendait avoir composé un élixir de longue vie, qui, supprimant la mort, causerait, s’il en divulguait le secret, un tel bouleversement dans l’univers, que l’humanité n’y trouverait, au lieu d’une éternelle félicité, qu’une nouvelle source de malheurs et de troubles.

— Parlez-vous sérieusement, Aylimer ? demanda Georgina, fixant sur lui des regards effrayés. Il est terrible de