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CONTES ÉTRANGES

chaque promeneur ; il vient, je crois, de frotter son museau humide à votre petite main… vous auriez volontiers joué avec lui, mon Annie, mais il n’y prend pas garde et s’en va. Allons, bon voyage et bonne chance, mon chien fidèle.

Voyez donc, sur le pas de cette porte, le bon gros chat qui regarde paisiblement passer le monde avec ses yeux d’oiseau nocturne. Sans doute il fait sur chacun son petit commentaire. Sage minet, fais-moi place à les côtés et nous ferons une fameuse paire de philosophes !

V

Ah ! voici de nouveau le crieur public avec sa cloche. Regardez sur cette toile peinte les animaux qui semblent réunis pour élire un monarque comme au temps du bon Ésope. Mais ceux de la ménagerie sont probablement occupés a tout autre chose qu’à une élection. Entendez-vous d’ici leurs rugissements ? Je parie qu’ils sont venus du fond de leurs forêts ou de leurs montagnes, des déserts brûlants on des neiges polaires, rien que pour être agréables à ma petite Annie.

À notre entrée, l’éléphant nous salue dans le pur style de la politesse éléphantine, c’est-à-dire en pliant les genoux et en inclinant vers nous sa masse colossale. Rendez son salut à cet éléphant, Annie, car c’est certainement le monstre le mieux élevé de la troupe. Le lion et la lionne s’occupent chacun de leur côté à déchiqueter un os. Le tigre royal, ce beau rebelle, se promène d’un pas majestueux dans son étroite cage. Il n’accorde aux curieux qu’une