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CONTES ÉTRANGES

Webster n’avait parlé avec autant d’onction, levé au ciel des regards plus angéliques que miss Higginbotham, lorsqu’elle avait pris sa défense contre la populace de Parker’sfall.

Dominique venait d’atteindre l’octroi de Kimbalton, car il s’était mis en tête de se détourner de son chemin pour traverser cette localité, bien que ses affaires l’appelassent à Morristown. Comme il approchait du théâtre du prétendu meurtre, il se mit à repasser dans son esprit toutes les circonstances de cette histoire, et voulut se rappeler l’aspect général des lieux. Si rien n’était venu corroborer le récit du premier voyageur, on aurait pu le considérer comme une mystification ; mais le mulâtre avait eu, lui aussi, connaissance du meurtre, et là était le mystère incompréhensible. Si, à ces circonstances, on ajoutait que la rumeur publique confirmait ce qui avait été dit sur les habitudes et le caractère de M. Higginbotham, savoir qu’il avait un verger dans lequel était justement un poirier de Saint-Michel, et que chaque soir il passait auprès de cet arbre nanti de valeurs considérables, on comprendra quelle devait être la perplexité de Dominique, qui en arrivait insensiblement à douter de l’autographe de l’avocat et du témoignage de la nièce. Tout en continuant la série de ses investigations, le colporteur apprit que M. Higginbotham avait à son service un Irlandais d’un caractère assez hypocrite, et qu’il avait pris depuis peu par raison d’économie.

— Je veux être pendu moi-même, s’écria Dominique, si M. Higginbotham ne l’est pas ; et je ne croirai à son existence que lorsque je le verrai de mes propres yeux, et que je l’entendrai parler de mes propres oreilles. Et comme il