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CONTES ÉTRANGES

mière, mais une chaumière aussi plaisante qu’aucun château du monde. Vous saurez, mes amis, qu’il y a huit jours à peine que nous sommes époux, et que dès le lendemain nous nous sommes mis à la recherche de la grande escarboucle, parce que sa lumière nous sera précieuse durant les longues veillées d’hiver. Puis, ce serait une si belle chose à montrer à nos voisins ! elle éclairerait toute notre maison, de sorte que nous pourrions trouver une épingle dans les coins les plus éloignés, et que du dehors on verrait resplendir nos fenêtres comme si notre foyer était perpétuellement bourré de pommes de pin. Enfin si l’un de nous vient à se réveiller la nuit, au lieu d’être plongé dans l’ombre, il pourra contempler la figure de ce qu’il aime le mieux au monde.

Les chercheurs d’aventures ne purent se défendre d’un sourire, à l’exposé des naïfs projets que faisait le jeune couple sur cette pierre inestimable, dont les plus grands monarques de la terre eussent été fiers d’orner leur bandeau. Mais l’homme aux lunettes avait jeté sur les nouveaux époux un regard si ironiquement malveillant que Mathieu, impatienté de l’expression du vieillard, lui demanda, non sans un peu de brusquerie, ce qu’il comptait faire à son tour de l’objet de ses recherches.

— La grande escarboucle ! répondit le cynique d’un ton méprisant, mais, imbéciles que vous êtes ! est-ce qu’il existe une pareille merveille dans la nature ? J’ai marché plus de trois cents milles, j’ai résolu de poser le pied sur chacun des pics des montagnes Blanches, de passer ma tête dans la moindre anfractuosité, de pénétrer dans toutes les cavernes, dans l’unique but de prouver à tous les