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— Oh ! quant à cela, dit la maligne Primerose, l’histoire du roi Midas était déjà fameuse un millier d’années avant que M. Eustache vînt au monde, et continuera de l’être bien longtemps après sa mort. Mais certaines gens sont doués de ce que j’appellerai le toucher de plomb, et rendent lourd et ennuyeux tout ce qui passe par leurs mains.

— Vous êtes bien caustique pour votre âge, répondit Eustache, assez décontenancé, par l’observation piquante de Primerose. Cependant, vous savez bien, au fond de votre bon petit cœur, que j’ai prêté un éclat tout nouveau au vieil or de Midas, et qu’il brille en ce moment comme il ne brilla jamais avant moi. Et cette figure Marie-d’Or ! n’est-ce pas là un travail d’une jolie invention ? N’en ai-je pas tiré et fait ressortir la morale avec beaucoup d’habileté ? Qu’en pensez-vous, Joli-Bois, Marguerite, Pervenche ? Y aurait-il quelqu’un parmi vous qui, après avoir écouté cette histoire, eût la folie de désirer le don de changer tout en or ?

— Oh ! moi, je voudrais, s’écria Pervenche, jeune personne de dix ans, avoir la puissance de métamorphoser tout en or avec le doigt de ma main droite ; et puis, avec celui de ma main gauche, de rendre aux objets leur substance naturelle, si le changement ne me plaisait pas. Je sais bien ce que je ferais aujourd’hui même !