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indispensable. Ces affreux petits vauriens nous ont jeté des pierres et de la boue, et l’un des chiens a mis en pièces mon manteau, qui était déjà bien assez déchiré : mais je lui ai administré un coup de mon bâton sur le museau, et je pense que vous avez pu l’entendre hurler, même à cette distance. »

Philémon se réjouissait de voir un malheureux de si bonne humeur. À son air et à son maintien, vous n’auriez jamais imaginé qu’il avait enduré les fatigues d’un long jour de marche, terminé par un accueil aussi peu bienveillant. Son costume était bizarre. Il avait sur la tête une sorte de chapeau dont les bords Se relevaient au-dessus des oreilles. Bien qu’on fût en été, il portait un manteau dont il s’enveloppait avec soin, peut-être parce que son vêtement de dessous était en lambeaux. Philémon remarqua aussi qu’il avait aux pieds une paire de souliers fort drôles ; mais, comme il faisait alors tout à fait sombre, et que sa vue n’était pas des plus nettes, il ne se rendait pas un compte exact de sa première impression. Une chose pourtant le frappa. Le voyageur était si merveilleusement actif et léger, que ses pieds semblaient quelquefois s’enlever de terre et n’y rester attachés que par un effort.

« Moi aussi, j’avais le pied léger dans ma jeunesse, dit Philémon à l’étranger, mais j’ai toujours constaté que mes pieds devenaient plus lourds à mesure que la nuit tombait.