Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, première partie, trad. Rabillon, 1858.djvu/275

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
223

les gambades les plus comiques et en feignant d’être poursuivi. En même temps, un de ses camarades courait de toutes ses forces après lui, avec une espèce de corde de joncs à la main pour figurer la bride aux pierres précieuses. Mais, d’un autre côté, le gracieux enfant qui avait vu Pégase au fond de la source consolait l’étranger plus que tous ces espiègles n’étaient capables de le tourmenter. Cet aimable petit compagnon venait s’asseoir auprès de lui pendant ses heures de récréation, et, sans rien dire, ne quittait pas des yeux la surface de l’onde ou la voûte du ciel, avec une bonne foi si innocente, que Bellérophon sentait renaître son espérance.

Or, vous voudrez peut-être savoir pourquoi celui-ci avait tant à cœur de s’emparer du cheval ailé ; et nous n’aurons jamais une meilleure occasion d’en parler que pendant que notre héros est occupé a l’attendre.

Si je devais vous raconter en détail les premières aventures de Bellérophon, cela nous entraînerait trop loin. Il suffira de vous apprendre que, dans une certaine contrée d’Asie, il y avait un monstre appelé Chimère, qui répandait la terreur dans les environs. Vous dire tous les méfaits de ce monstre me prendrait plus de temps qu’il ne s’en écoulera d’ici au coucher du soleil. Si je me fie aux documents qui me sont parvenus, la Chimère était la créature la plus horrible, la plus venimeuse, la plus étrange, la