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plus indescriptible, la plus dangereuse à combattre et la plus difficile à éviter qui eût jamais apparu sur la terre. Elle avait une queue semblable à celle du boa constrictor ; son corps défiait toute comparaison avec ce que je pourrais imaginer. Une triple tête se dressait sur ce corps : une tête de lion, une tête de bouc et une tête de serpent abominable. Des trois gueules s’élançait un tourbillon de feu et de fumée. Monstre terrestre, je ne suis pas bien sûr qu’il n’avait pas des ailes ; mais, qu’il eût des ailes ou non, sa course était celle d’un bouc et d’un lion, il rampait comme un reptile, et ces différentes allures combinées lui donnaient une vitesse égale à celle de ces trois animaux réunis.

Quant aux horreurs que ce monstre odieux commettait de tous côtés, on n’en a pas idée ; il pouvait de son souffle embrasé réduire en cendres tantôt une forêt entière, tantôt un champ de blé ou un village avec tous ses enclos et ses maisons. Il ravageait de fond en comble une province, dévorait vivants les habitants, les animaux ; et, une fois avalés, il les rôtissait dans sa panse, comme dans un four chauffé à rouge. Miséricorde ! mes petits enfants, je fais des vœux pour qu’il ne vous arrive jamais de rencontrer une Chimère !

Tandis que cette bête épouvantable (si je puis lui accorder le nom de bête) occasionnait tant de désastres, le hasard voulut que Bellérophon passât dans