Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, première partie, trad. Rabillon, 1858.djvu/290

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
236

À l’aurore, ils s’éveillèrent et se souhaitèrent le bonjour chacun dans leur langage.

Tous deux passèrent de cette façon plusieurs jours à se témoigner les plus tendres sentiments. Ils entreprenaient des voyages aériens et s’élevaient quelquefois à une hauteur si prodigieuse, que notre planète ne leur paraissait pas plus grosse que la lune ne l’est à nos yeux. Ils visitaient des contrées lointaines, observaient les habitants, qui se figuraient que ce beau jeune homme monté sur un cheval ailé devait descendre des cieux. Bellérophon était ravi de ce nouveau genre d’existence et n’aurait pas mieux demandé que de respirer toujours dans une sphère aussi pure ; car il régnait constamment, dans ces régions, un soleil brillant, en dépit des vapeurs, des brumes et des torrents de pluie qui remplissaient les zones inférieures. Cependant il n’oubliait point la terrible Chimère qu’il avait promis d’exterminer. Aussi, après s’être livré dans les airs à tous les exercices les plus savants de l’équitation, après avoir plié Pégase à tous les mouvements et lui avoir appris à obéir aux inflexions de sa voix, il se détermina à mettre à exécution sa périlleuse entreprise.

Au point du jour, à peine ouvrait-il la paupière, qu’il réveilla son fidèle compagnon en lui pinçant l’oreille. Pégase se leva vivement et prit son élan à peu près à un quart de lieue, pour montrer qu’il était prêt à toute espèce d’expédition. Pendant ce