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temps, notre héros ne pouvait pas se persuader qu’il eût devant lui la terrible Chimère. Il avait bien découvert la caverne, mais il y voyait un serpent, un lion et un bouc. Il se trompait : ces trois, animaux séparés ne formaient qu’un seul monstre !

Pendant le sommeil des deux autres parties de ce tout horrible, le serpent serrait dans ses abominables mâchoires les restes d’un pauvre agneau. Qui sait ? je frémis d’y songer ! peut-être d’un petit garçon bien-aimé, que les deux autres avaient commencé à ronger avant de s’endormir !……

Tout à coup Béllérophon tressaillit comme au sortir d’un rêve : il avait reconnu le monstre qu’il venait combattre. Pégase, de son côté, sembla frappé de la même pensée, et poussa un cri qui retentit comme le son de la trompette guerrière. À cet éclat, la triple tête se dressa de toute sa hauteur, et vomit des torrents enflammés. Son valeureux ennemi eut à peine le temps de songer à ce qu’il devait faire, lorsque le monstre bondit de la caverne dans sa direction, déployant ses griffes immenses et secouant en replis tortueux sa queue venimeuse et piquante. Si Pégase n’eût pas eu la légèreté d’un oiseau, son cavalier et lui auraient été renversés par ce premier choc, et le combat se fût terminé sans lutte sérieuse. Mais le coursier ailé ne se laissait pas surprendre ainsi. En moins d’un clin