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vraiment intrépide de sa nature, il se sentit confus d’avoir été surpris versant des larmes comme un timide écolier, quand après tout il pouvait bien ne pas y avoir à se désespérer. Il essuya donc ses yeux, et répondit à l’inconnu de l’air le plus dégagé qu’il lui fut possible de prendre :

« Je ne suis pas triste, mais je rêve à une aventure que je veux tenter.

— Dis-moi ce que c’est, reprit l’étranger ; et, lorsque tu m’auras mis au courant de ce que tu veux faire, je te serai peut-être de quelque utilité. J’ai tiré d’embarras beaucoup de jeunes gens dans des circonstances que l’on avait, de prime abord, jugées très-difficiles. Tu n’es pas sans avoir entendu parler de moi, je suis connu sous plus d’un nom ; mais celui de Vif-Argent me convient aussi bien que tout autre. Dis-moi quel est ton embarras. Nous en causerons, et nous verrons ensuite ce que nous avons à faire. »

Les paroles et les manières de l’étranger ranimèrent aussitôt l’espérance du jeune homme. Il résolut de confier à Vif-Argent toutes ses perplexités ; elles ne s’en augmenteraient pas, et il se pouvait que son nouvel ami lui donnât quelques conseils dont il eût à se féliciter plus tard. Il lui conta donc en peu de mots comment le roi Polydecte avait besoin de la tête de Méduse pour l’offrir en cadeau de noces à la princesse Hippodamie ; comment il s’était engagé