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assez poli pour que tu puisses t’y voir aussi distinctement que dans un miroir. »

Ce début sembla passablement étrange au fils de Danaé, car il croyait beaucoup plus important d’avoir un bouclier assez fort pour le protéger contre les griffes d’airain de la Gorgone, que de pouvoir s’y mirer. Néanmoins, persuadé que Vif-Argent en savait plus long que lui, il se mit immédiatement à l’œuvre, et frotta son bouclier avec tant de cœur et d’activité, qu’avant peu il devint aussi brillant que la pleine lune à l’époque de la moisson. Vif-Argent regarda ce travail avec un sourire, et fit un signe d’approbation. Ensuite, détachant son petit glaive recourbé, il en ceignit Persée, qui se débarrassa du sien.

« Aucune autre arme que la mienne ne peut te convenir pour le but que tu te proposes, lui dit-il ; la lame en est d’une trempe supérieure, et tu pourras couper le fer et le bronze aussi facilement que le plus tendre rameau. Maintenant nous allons partir. La première chose à faire est de trouver les trois vieilles femmes aux cheveux gris, qui nous diront où l’on peut découvrir les Nymphes.

— Les trois femmes aux cheveux gris ! s’écria Persée, à qui cela parut une nouvelle difficulté à surmonter. Dites-moi, je vous prie, quelles peuvent être ces trois femmes dont je n’ai jamais entendu parler de ma vie.