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plir avait été la plus simple du monde ; je vous ai rapporté la tête de la Gorgone, avec sa chevelure de serpents.

— Vraiment, Persée ! montre-la-moi, je t’en prie, dit le roi Polydecte. Ce doit être un spectacle excessivement curieux, si tout ce que les voyageurs ont dit est réel !

— Votre Majesté a raison, reprit le héros. C’est en effet un objet qui devra fixer les regards de tous ceux qui le verront ; et, si Votre Majesté veut bien le permettre, je lui proposerai d’ordonner un jour de fête publique, et d’appeler tous ses sujets à venir contempler cette merveille. Un petit nombre d’entre eux, j’imagine, ont vu dans leur vie une tête de Gorgone, et peut-être, après cela, ne pourront-ils plus en voir d’autre. »

Le roi savait bien que son peuple se composait de misérables fainéants, très-amateurs de spectacles, comme le sont ordinairement les paresseux. Il suivit donc les conseils du jeune homme et envoya de tous côtés des hérauts d’armes et des messagers, pour publier sa proclamation à son de trompe, aux coins des rues, sur les places, et aux jonctions des routes, invitant la population tout entière à se rendre à la cour. En conséquence, une multitude de vagabonds et de vauriens s’empressèrent d’accourir, espérant bien apprendre que Persée avait éprouvé quelque fâcheux accident. Tous y vinrent. S’il y avait dans