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ses lunettes et les mit sur son nez pour voir plus distinctement où il en était de sa lecture. À cette époque, les lunettes n’avaient pas encore été inventées pour le commun des mortels, mais existaient seulement à l’usage des souverains ; sans cela, comment Midas en aurait-il possédé une paire ? Cependant, à sa grande confusion, tout excellents que fussent les verres, il découvrit qu’il lui était impossible de rien distinguer. Mais c’était la chose du monde la plus naturelle : car, en les ôtant de sa poche, les deux parties transparentes s’étaient subitement changées en petites plaques de métal jaune. Les lunettes, tout en augmentant de valeur, avaient perdu leur utilité. Cette circonstance frappa Midas assez désagréablement ; car, avec toute son opulence, il ne pourrait plus jamais posséder une paire de lunettes capables de lui servir.

« Ce n’est pas une grande affaire, après tout, se dit-il en lui-même avec une résignation stoïque ; de grands avantages ont toujours quelques inconvénients. Le don du toucher d’or vaut bien le sacrifice, d’une paire de lunettes, à condition du moins qu’on ne perde pas la vue. Mes yeux me serviront pour tous les besoins ordinaires de la vie, et ma petite fille sera bientôt assez grande pour me faire la lecture. »

Le sage roi Midas était si exalté par sa bonne for-