Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/150

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Elle se souciait moins de la personne de Cadmus que du premier brin de luzerne venu, et ne pensait qu’à tondre, au bord de la route, les endroits où la verdure lui paraissait le plus appétissante.

« Brunette ! Brunette ! lui cria Cadmus ; Brunette, ma bonne vache, arrête-toi ! »

Il désirait s’approcher assez d’elle pour l’examiner, et voir si elle ferait mine de le connaître, ou bien s’il n’y aurait pas dans son ensemble quelque détail qui la distinguât de mille autres vaches, bonnes uniquement à remplir le seau de la laitière, et parfois à le renverser d’un coup de pied. Mais celle dont nous parlons continuait à marcher à son aise, secouant sa queue autour de ses flancs pour chasser les mouches, et aussi éloignée de remarquer Cadmus que s’il n’existait pas. S’avançait-il à pas lents, la vache l’imitait, et profitait d’un instant d arrêt pour brouter çà et là. Se pressait-il un peu davantage, il se voyait devancé avec une allure proportionnée à la sienne. Une fois même, Cadmus essaya de l’atteindre en courant ; mais elle se mit à détaler, dressa sa queue de toute sa longueur, et prit ce galop bizarre qui distingue les bêtes de son espèce.

Cadmus, s’apercevant qu’il était impossible de la joindre, modéra sa marche comme auparavant. De son côté, la vache ralentit sa course, sans regarder derrière elle. Partout où le gazon lui paraissait