Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/166

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leurs frères pour des motifs aussi déraisonnables. Il est à considérer d’ailleurs que cette race monstrueuse avait apparu sur la terre pour remplir une destinée différente, tandis que les autres hommes étaient nés pour s’entr’aimer et s’assister les uns les autres.

Cette bataille mémorable continua jusqu’à ce que la plaine fut littéralement couverte de têtes et de casques. De cette nombreuse armée, cinq hommes seulement restaient debout. Des extrémités du champ de bataille ils s’élancèrent vers un centre commun. Une lutte acharnée s’engagea alors. C’était à qui porterait les coups les plus furieux et les plus meurtriers.

« Cadmus ! reprit la voix, ordonne à ces guerriers de remettre leurs glaives dans le fourreau. Ils vont t’aider à bâtir une ville. »

Sans hésiter une minute, notre héros avança de quelques pas ; il avait l’aspect d’un chef et d’un roi, lorsqu’il étendit son épée nue entre eux : il parla aux guerriers avec le ton du commandement et de la sévérité.

« Remettez vos glaives au fourreau ! » cria-t-il.

À l’instant, se sentant dompter par un sentiment d’obéissance passive, les cinq guerriers nés des dents du dragon se tournent vers Cadmus, en lui faisant un salut militaire, rengainent leurs glaives, s’alignent et fixent leurs regards dans la même