Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/167

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direction, comme des soldats quand ils attendent les ordres de leur capitaine.

Ces cinq hommes avaient sans doute pris naissance des plus grosses dents du dragon, car c’étaient les plus fiers et les plus robustes de toute l’armée. Autrement, ils auraient succombé comme tant d’autres dans une lutte aussi terrible. Ils conservaient encore l’expression sauvage qui animait leurs regards pendant le combat ; et, si Cadmus les perdait un instant de vue, ils se retournaient les uns vers les autres en roulant des yeux ardents de rage.

Je ne veux pas manquer de vous mentionner un détail étrange et pittoresque. Comme ils venaient de surgir du sol, leurs brillantes cuirasses et même leurs figures offraient çà et là des traces de la terre qui s’y était incrustée. Vous avez observé exactement cet effet sur les betteraves et les carottes, quand on les arrache du champ où elles ont pris racine. Cadmus savait à peine s’il devait les considérer comme des hommes, ou comme une espèce de végétaux. Pourtant, après tout, comme le son des trompettes, le fracas des armes et la vue du sang leur plaisaient tant, il en conclut qu’ils devaient appartenir à la race humaine.

Ils le regardèrent fixement, prêts à recevoir ses nouveaux ordres, et brûlant évidemment du seul désir de le suivre, d’un champ de bataille à un autre, jusqu’au bout du monde. Mais Cadmus était plus