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Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/203

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petit montant. Mais plus j’en bois, plus il me plaît. »

Malgré les quelques défauts qu’ils trouvaient aux mets, ils prolongèrent prodigieusement leur dîner. Vous auriez eu honte de les voir engouffrer d’aussi copieuses libations et une si monstrueuse quantité de nourriture. Ils s’étaient assis sur des trônes d’or, mais ils s’y conduisaient comme des animaux immondes dans une écurie ; et, s’ils avaient joui de leur présence d’esprit, ils auraient compris que telle était l’opinion de la généreuse et gracieuse dame, ainsi que celle de ses compagnes. Je rougis de confusion au souvenir des montagnes de viande et de pâtisseries, des flots de vin que ces vingt-deux gloutons absorbèrent. Leurs foyers de famille, leurs femmes, leurs enfants, Ulysse, tout disparut à leurs yeux pour ce banquet, qu’ils eussent désiré voir éternellement servi devant eux. À la fin, ils furent obligés de renoncer à manger davantage ; leur estomac ne pouvait plus rien contenir.

« Cette dernière bouchée de gras est de trop pour moi, dit l’un des plus obstinés.

— Quant à moi, je n’ai plus de place pour un seul morceau, reprit son camarade le plus proche, en poussant un profond soupir. Quel dommage, mon appétit est aussi vif qu’au commencement. »

Bref, ils mirent un terme à leur activité dévorante, se renversèrent sur leurs trônes, et avec un