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Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/213

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aie bien soin d’aspirer fortement l’odeur qui s’exhale de ta fleur. Tu n’as qu’à exécuter à la lettre ces instructions, et tu peux défier sa puissance surnaturelle de te changer en renard. »

Puis ce savant maître en expédients lui donna encore quelques avis sur la manière de se conduire, lui recommandant la hardiesse et la prudence, et l’assurant qu’en dépit des enchantements de Circé, il viendrait à bout de sortir sans métamorphose de ces lieux perfides. Après avoir écouté attentivement, Ulysse remercia son ami avec effusion, et poursuivit son chemin. Il avait à peine fait quelques pas, que, se rappelant qu’il avait d’autres renseignements à obtenir, il se retourna, mais il ne vit plus Vif-Argent ; il se retrouvait dans une complète solitude. À l’aide de son chapeau, de ses sandales et de son bâton ailés, le merveilleux protecteur avait disparu en un clin d’œil.

Ulysse arriva près de la pelouse qui tapissait les abords du palais. Aussitôt il vit venir une troupe de lions et d’autres bêtes féroces qui bondirent d’abord autour de lui avec des airs caressants, puis rampèrent à ses pieds et les lui léchèrent. Mais le roi les frappa du bout de son javelot, et, prenant une expression de sévère autorité, il leur fit signe de s’éloigner de sa personne. Il savait que ces animaux avaient été autrefois des hommes sanguinaires, et qu’ils le déchireraient volontiers à belles dents, s’ils pouvaient