Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/27

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fant se cramponna aussitôt aux aspérités de la pierre, tira, poussa, se raidit ; il était hors d’haleine : mais le rocher demeura complètement immobile, comme s’il eût été attaché au sol par de puissantes racines. Il n’y avait pas lieu, du reste, de s’en étonner, car il aurait fallu, pour ébranler une telle masse, les efforts musculaires de l’homme le plus robuste.

Témoin de tant d’ardeur, d’ambition et de faiblesse, Éthra ne put s’empêcher de sourire tristement ; puis son cœur s’émut à la pensée que c’était le début significatif et prématuré de son fils dans la carrière des aventures.

« Vous le voyez bien, Thésée, il faut que vous acquériez encore beaucoup plus de force avant de tenter le voyage d’Athènes, et d’aller dire au roi Égée qui vous êtes. Mais, je vous le promets, aussitôt que vous pourrez soulever ce rocher et me montrer ce qui est caché dessous, je vous permettrai de partir. »

À dater de ce moment, Thésée ne cessa de demander à sa mère si le temps était bientôt venu de se rendre à Athènes. Celle-ci se contentait de lui indiquer ce qu’il avait à accomplir auparavant, et ajoutait que, pendant des années encore, il ne serait pas en état d’entreprendre ce voyage. Malgré cette réponse si absolue, le tendre enfant aux joues roses et rebondies, aux cheveux bouclés, renouvelait fré-