Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/278

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voir faire à votre petit frère ou à votre petite sœur, au moment où on va les plonger dans l’eau tiède, Cérès le coucha vivement, tout nu, dans le creux qu’elle avait disposé au milieu des cendres rouges. Puis elle poussa ce qui restait dans le foyer pardessus son corps et s’éloigna tranquillement. Imaginez-vous, si vous pouvez, l’épouvante de Métanira. Elle pensa aussitôt que son enfant allait être brûlé vif et réduit lui-même en cendres. Jeter un cri déchirant, s’élancer de sa retraite, écarter la braise du foyer et arracher le pauvre petit Démorphon de son lit de cendres ardentes, ce fut l’affaire d’un instant. L’enfant, à demi assoupi, serrait dans chacun de ses poings un morceau de charbon enflammé. Il se mit à crier de toutes ses forces, selon l’habitude de ces faibles êtres, quand ils sont réveillés en sursaut. À l’étonnement et à la joie extrême de la reine, elle ne vit aucune trace de brûlure sur les membres de son fils. Se tournant alors vers Cérès, elle lui demanda l’explication d’un phénomène aussi mystérieux.

« Femme insensée ! ne m’as-tu pas promis de me confier entièrement ton enfant ? Tu ne te doutes pas du mal que tu viens de lui causer. Si tu t’étais reposée d’une manière absolue sur ma sollicitude, il aurait grandi comme s’il fût issu d’une naissance divine, doué d’une force, d’une intelligence surhumaines, et sa vie n’eût jamais fini. Te figures-tu