Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/279

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que les fils de la terre peuvent cesser d’être mortels sans être trempés dans l’élément du feu ? Tu l’as perdu toi-même. Il aura beau devenir un homme remarquable par sa force, même un héros, il connaîtra, grâce à ta folie, les infirmités de la vieillesse ; il mourra comme tous ceux qui sont nés des autres femmes. La tendresse inconsidérée de sa mère a coûté au pauvre petit garçon le privilège de l’immortalité. Adieu. »

En prononçant ces mots, elle baisa le jeune prince Démophon, pensa en soupirant à ce qu’il venait de perdre, et s’éloigna sans écouter la reine Métanira, qui la suppliait de rester, et de recouvrir son fils de braise aussi souvent qu’il lui plairait. Pauvre enfant ! Il ne dormit plus jamais aussi chaudement.

Pendant son séjour dans le palais, Cérès avait été si constamment absorbée par les soins qu’elle prodiguait à l’héritier royal, que son cœur maternel s’était tant soit peu soulagé de ses peines antérieures. Mais, n’ayant plus rien qui captivât son attention, elle retomba dans ses tourments et ses inquiétudes. À la fin, poussée par le désespoir, elle prit une terrible résolution : aucune tige de graine, pas le moindre brin d’herbe, ni pommes de terre, ni navets, ni végétaux quelconques utiles à la nourriture de l’homme et des animaux, ne devaient plus désormais pousser que sa fille ne lui fût rendue. Elle ne voulut même souffrir le développement