Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/284

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de bonheur que ne peut m’en procurer la possession de cent palais comme celui-ci.

— Hélas ! dit Proserpine, vous auriez dû essayer de me faire partager vos sentiments avant de m’enlever. Il ne vous reste plus aujourd’hui qu’à me laisser partir : alors je pourrai conserver de vous un affectueux souvenir et penser que vous avez été pour moi aussi bon qu’il vous est donné de l’être. Peut-être aussi, un jour ou l’autre, je reviendrai visiter ces lieux.

— Non ! non ! répondit Pluton avec un sourire voilé de tristesse ; je ne veux pas me fier à toi pour cela. Tu aimes trop à vivre à la lumière du jour et à cueillir des fleurs. Quel goût frivole et enfantin ! Regarde ces pierres précieuses que j’ai fait extraire pour toi du sein de la terre, plus riches mille fois que celles de ma couronne ; ne valent-elles pas mieux qu’une violette ?

— Il s’en faut bien, répliqua-t-elle en arrachant des mains du roi les trésors qu’il lui vantait, et en les lançant à l’extrémité de l’appartement. Ô mes charmantes violettes ! ne vous reverrai-je jamais ? »

Et de fondre en larmes. Mais les larmes de la jeunesse contiennent une bien faible quantité de sel, et n’enflamment pas les yeux autant que celles de l’âge mûr. Il ne faut donc pas s’étonner si, peu d’instants ensuite, Proserpine se livrait à son en-