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Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/302

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ques noms, Hercule, Achille, Philoctèle, Esculape, qui acquit une immense célébrité comme médecin. L’habile Chiron enseignait à jouer de la harpe, à guérir les maladies, à manier un glaive ou un bouclier, et développait l’intelligence de ses élèves dans les différentes branches d’études en faveur à cette époque, l’écriture et l’arithmétique exceptées.

J’ai parfois soupçonné que maître Chiron n’était pas réellement d’une nature autre que celle de tout le monde, mais que probablement, d’un caractère simple et affectueux, d’une humeur joviale, il faisait, par plaisanterie, croire qu’il était un cheval, et parcourait la salle de son école à quatre pattes, en laissant les petits garçons monter sur son dos. Ses pupilles, une fois grands et devenus vieux, prenaient leurs enfants sur leurs genoux, et leur racontaient les espiègleries et les jeux auxquels ils se livraient au temps de leur jeunesse ; et les petits bonshommes se firent de cette façon l’idée que leurs grands-pères avaient reçu les leçons d’un centaure, moitié homme, moitié cheval. Souvent, vous le savez, les enfants, qui ne comprennent pas bien ce qu’on leur dit, se mettent dans la tête des notions tant soit peu absurdes.

Quoi qu’il en soit, on a toujours cru à la double nature de Chiron, et on y croira aussi longtemps que durera le monde : Chiron, avec une tête humaine remplie de science, avait le corps et les