Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/303

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jambes d’un cheval. Figurez-vous un peu ce vieux maître d’école faisant résonner le plancher de sa classe du piétinement de ses quatre sabots, peut-être écrasant les orteils des marmots confiés à son expérience, fouettant l’air de sa queue en guise de baguette ; et de temps en temps le voyez-vous d’ici sortir en trottant pour brouter une touffe d’herbe ! Je voudrais bien savoir ce qu’il dépensait pour ses fers chez le maréchal.

Jason, dès l’âge le plus tendre, habita une caverne avec ce professeur quadrupède ; il n’avait pas plus de quatre mois lorsqu’on le confia à Chiron, et il y resta jusqu’à ce qu’il devînt un homme. Il acquit un talent remarquable sur la harpe, une adresse surprenante dans l’exercice des armes, avec une connaissance suffisante des plantes et de leurs propriétés médicinales. Ce fut par-dessus tout un cavalier admirable. En effet, le sage Chiron ne devait rencontrer aucun rival dans l’art de l’équitation. À la fin, devenu un athlète de haute taille et de grande vigueur, Jason résolut de chercher fortune dans le monde, sans demander l’avis de son maître ni rien lui dire à ce sujet. Il manquait en cela de prudence, certainement ; et j’espère, mes petits auditeurs, que nul de vous ne suivra jamais cet exemple. Mais vous comprendrez au moins sa conduite quand vous saurez ce que ce jeune homme avait entendu dire. Issu d’un sang royal, il ne per-