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Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/322

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cés, porta ses regards vers le centre mystérieux de l’arbre vénérable, puis parla à haute voix, comme s’il se fût adressé à quelque personne cachée au milieu du feuillage.

« Que faut-il que je fasse, dit-il, pour conquérir la Toison d’or ? »

D’abord il y eut un profond silence, non seulement dans toutes les parties du Chêne parlant, mais encore dans le bois environnant. Une minute ou deux après, les feuilles commencèrent à s’agiter, comme si une douce brise était venue furtivement s’y glisser. Les autres arbres du voisinage restaient dans une immobilité parfaite. Peu à peu, Jason crut distinguer des sons articulés, fort confus d’abord, par la raison que chaque feuille de l’arbre représentait une langue, et que des milliers de feuilles gazouillaient toutes à la fois. Le bruissement s’accrut de plus en plus, et ressembla bientôt à un tourbillon qui sifflait entre les branches, en composant de ces innombrables souffles un murmure violent. Quoique ce murmure eût presque le caractère d’une tempête, c’était en même temps comme une voix basse et ronflante, qui parlait aussi distinctement qu’un arbre peut parler. Elle prononça les paroles suivantes :

« Va trouver Argus, le constructeur de navires, et ordonne-lui de construire une galère armée de cinquante rames. »

Puis la voix se fondit dans le vague frôlement du