Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/325

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bras gauche était un bouclier, au centre duquel ressortait en ronde-bosse une tête de Méduse entourée de serpents. Le bras droit de la statue se portait en avant, comme pour montrer quelque chose. Quant aux traits de la figure, sans exprimer la colère ou le commandement, ils offraient un type grave et majestueux, que vous auriez peut-être pris pour celui de la sévérité. On eût dit la bouche prête à s’entr’ouvrir et à prononcer des sentences d’une haute sagesse.

Jason, ravi de son image de chêne, ne donna pas de repos au sculpteur qu’il n’y eût mis la dernière main et ne l’eût ajustée à la place consacrée depuis cette époque jusqu’à nos jours, c’est-à-dire à la proue du bâtiment.

« À présent, s’écria-t-il en contemplant la tête noble et calme de la statue, à présent, il faut que je retourne au Chêne parlant pour le consulter sur ce que j’ai à faire.

— Tu n’as pas besoin de prendre cette peine, dit une voix qui, bien que moins sonore, lui rappela les accents de l’arbre mystérieux. Quand tu désireras un bon conseil, tu peux me le demander. »

Jason fixa ses regards sur la face de la statue au moment où ces mots furent prononcés ; mais il put à peine en croire ses oreilles ou ses yeux. La vérité était cependant que les lèvres avaient remué et que le son de la voix provenait de l’image de chêne.