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Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, seconde partie, trad. Rabillon, 1882.djvu/350

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de tête, il en saisit un par la corne et l’autre par la queue, le premier de la main droite, le second de la main gauche. Autant vaudrait dire qu’ils se trouvaient arrêtés comme dans un étau de fer.

Vous allez vous écrier, je m’y attends, qu’il devait avoir dans les bras une vigueur incroyable. Vous avez raison ; mais le secret de ceci, c’est que ces taureaux de bronze étaient des créatures enchantées, et que notre brave ami avait rompu le charme en les saisissant de cette manière. Depuis cette époque, on a toujours dit des gens de courage qui savent faire tête à de grands dangers : Ils prennent le taureau par les cornes, et le prendre par la queue revient à peu près au même. C’est ce que l’on appelle se dépouiller de toute crainte et surmonter le péril en le dédaignant.

Rien ne devenait plus facile désormais que d’imposer le joug aux taureaux, et de les accoupler à la charrue qui s’était rouillée pendant de si longues années, parce qu’il ne s’était pas rencontré un homme capable d’enfoncer le soc dans le champ sacré. Jason, je suppose, avait reçu de Chiron les instructions nécessaires pour tracer un sillon : car Chiron peut-être s’attelait lui-même aux instruments aratoires. En tout cas, notre héros réussit parfaitement à défricher son terrain. La lune n’avait pas achevé le quart de son parcours, et déjà le champ labouré présentait une large surface prépa-